Pour Roland Baladi
J'ai souvent dit, dans des articles, ici où
là, depuis quinze ans, tout le bien qu'on devait penser
du
travail de Roland Baladi, de ses marbres comme de ses vidéos,
de ses peintures cathodiques comme de ses sculptures solaires.
Baladi
n'a jamais tergiversé: son chemin est une ligne droite,
directe. Vers le frisson.
Ce qu'il crée est beau à
l'évidence.
On n'aime pas ses marbres parce qu'on se dit
qu'ils représentent un sublime dépassement des ready
made de Duchamp, on les aime parce qu'il nous font trembler de
désir comme le fait un être désirable.
On ne rit
pas devant ses vidéos parce qu'on y découvre la mise en
jeu savant de codes objectivés, mais parce que les personnages
qui les animent sont les vrais naïfs de notre époque, les
seuls encore capables de nous tirer une larme.
On ne se s'exclame pas
devant ses visages taillés par la course du soleil parce
qu'ils accomplissent les noces de l'art et du concept sous les
auspices modernes du Temps, on est tout simplement ébloui de
voir "la mort au travail" comme on ne l'a jamais vu au cinéma,
même dans les films de Cocteau. Baladi au fond est un
rêveur éveillé.
Qui a trouvé au moins
trois manières d'imprimer ses songes de ce
côté-ci du miroir.
Jean-Paul Fargier, 10/7/91